Loin de moi l’idée de faire de l’agribashing mais force est de reconnaitre qu’une certaine forme d’agriculture marque notre planète d’une forte empreinte carbone tant par la consommation d’énergie fossile que par le rejet de GES (Dioxyde de carbone rejeté par les machines, méthane produit par les ruminants) sans oublier la pollution due aux intrants. Cependant si l’on veut bien considérer d’autres formes que l’agriculture intensive, en s’intéressant à l’agriculture bio, au maraîchage et à des pratiques parfois oubliées et dont des études montrent non seulement l’intérêt écologique, mais aussi économique, je pense à l’agroforesterie (évoquée page 128 du document diagnostic) l’approche du métier d’agriculteur doit être revalorisée.
J’ai évoqué succinctement dans une autre contribution le maraîchage, alternative résiliente aux grandes exploitations monocéréalières (ou d’élevage bovin) à la merci des aléas climatiques et très grandes consommatrices de ressources en eau. Je dirai quelques mots ici de l’agroforesterie.
L’agroforesterie désigne l’association d’arbres et de cultures ou d’animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ. Il y a une multitude de systèmes agroforestiers : Formes bocagères, prés-vergers, prés-bois, culture en alignement ou plantations associées à l’élevage. Pratique longtemps utilisée dans les campagnes françaises, elle a été peu à peu abandonnée afin d’utiliser les machines mieux adaptées sur des parcelles toujours plus grandes.
Il faut savoir qu’une expérimentation de l’INRA sur un système blé-noyers a montré qu’une parcelle agroforestière de 100 ha pouvait produire autant de biomasse (bois et produits agricoles) qu’une parcelle de 136 ha où arbres et cultures auraient été séparés, soit un gain de 36 %…
Ces résultats sont le fruit d’une meilleure utilisation des ressources naturelles : l’eau, la lumière… En effet des systèmes racinaires de profondeurs variées et la création d’un micro-climat au niveau de la parcelle permettent :
• de diversifier la production de parcelle, en lui offrant un aspect multifonctionnel;
• d’améliorer les niveaux de biodiversité et reconstituer une trame écologique : les arbres, en multipliant les habitats permettent de multiplier les habitants qui se révèlent des auxiliaires de culture et dont la présence réduit la concentration de ravageurs.
• de stocker du carbone pour lutter contre le changement climatique (voir page 129 du livret Diagnostic sur la Séquestration du Carbone). En effet, les racines des arbres, plus profondes que celles des cultures, font remonter les nutriments des couches profondes pour les rendre accessibles aux couches de surface. Une fois étendu, le système racinaire limite les fuites des nitrates et favorise le stockage du carbone dans le sol. La décomposition de ces racines et des feuilles mortes tombées au sol augmente le taux de matière organique en créant un humus stable et fertile.
• Développer le micro climat à échelle de la parcelle. Sous condition d’une densité suffisante d’arbres adultes, un système agroforestier peut modifier le micro climat de la parcelle en affectant la vitesse des vents et l’humidité relative de l’air. Il crée ainsi mécaniquement, un effet “oasis” qui peut représenter jusqu’à 8°C de moins autour des vergers.
Pour l’agroforesterie en élevage, il s’agira de contribuer à un environnement de bien-être pour les animaux en les protégeant de la chaleur, en augmentant la disponibilité en fourrage et en ayant un impact paysager.
Je suis tout à fait d’accord.
J’ajouterais que ces techniques permettent de favoriser l’infiltration et la rétention de l’eau dans les couches arables. Ce qui est un enjeu majeur étant donné les perturbations du cycle de l’eau secondaire aux changements climatiques et le risque majeur de sécheresse sur notre territoire dans les années à venir. La mise en place de haie et la maximisation de la couverture végétale des sols et une agriculture biologique de conservation sont capitales.
Par ailleurs, dans les années à venir, des tensions économiques sont à prévoir pour nos agriculteurs du fait d’une hausse prévisible des coûts du pétrole et des engrais (problématique de pénurie de phosphore d’ici à 2030 avec augmentation des coûts des engrais “NPK”). Des actions pour favoriser une autonomisation et des réduction de ce coût sont souhaitables avec
- un remplacement de l’usage des engrais par des associations de cultures notamment de légumineuses (libère dans le sol l’azote qu’elles absorbent)
- l’association culture-élevage dans un même lieu: fumier utiliser pour remplacer les engrais azotés
- favoriser les champignons micorhyziens qui permettent l’absorption du phosphore par les plantes.
Le territoire pourrait proposer un soutien à l’installation de paysans qui auraient ce type de pratique.
[cf conférences et travaux de M.DUFUMIER]